La soirée d’hier n’avait pas été un franc succès. À trop lui en vouloir, elle l’avait blessée. Laissant partir la jeune femme sans la moindre envie de la retenir. Trop peu de force pour lui en vouloir. Trop peu de force pour lui dire ce qu’elle pensait réellement, elle préférait largement éviter le sujet. Avait-elle réellement besoin de savoir à quel point elle lui en voulait pour cela? Si elle l’aimait autant que ce qu’Eleanor pouvait ressentir, elle le savait. Comme elle savait qu’elle lui en voulait pour ce qu’elle avait fait. Comme elle se doutait qu’elle devait être blessée par son comportement. C’est pour cette raison qu’elle ne donnait pas sa tâche à une autre, qu’elle ne voulait ni l’éviter, ni attendre plus longtemps avant de lui parler. La jeune femme ne voulait pas éterniser ce malentendu. La blonde était loin de ne plus vouloir d’elle, loin d’avoir envie de la faire souffrir, loin d’avoir envie de la perdre. Un soupir passait entre ses lèvres alors qu’elle nouait rapidement sa longue chevelure blonde, prenant les médicaments qu’elle devait lui donner en temps normal, mais qu’elle ne lui donnait pas. Si elle se faisait prendre, pour sa relation et pour le fait qu’elle ne lui donnait pas ses médicaments, elle serait surement dans la merde. Peu importe. Elle ne pouvait pas arrêter. Il était bien trop tard. Elle était déjà allez bien trop loin alors autant redoubler d’effort pour ne pas se faire prendre et rester là. De cette façon, elle pouvait garder un œil sur elle et veiller à ce qu’elle se porte bien. Ici, on ne pouvait pas réellement savoir ce qui allait se passer. Avec le temps, la confiance qu’elle avait en l’équipe devenait de moins en moins grande. Il y en avait qui était capable de chose atroce et d’autre qui était comme elle. Ce n’était pas toujours facile de savoir. La jeune femme sortait dans le couloir question de se mettre en marche vers les chambres des détenus. Elle y passait souvent, pour donner des médicaments à des cas précis ou pour voir la jeune femme. Justement, elle devait faire de plus en plus attention, car il semblait que la rumeur se faisait de plus en plus forte. Il y avait même un homme qui lui avait parlé de Zippora. C’était de plus en plus dérangeant. La blonde ne savait pas encore ce qu’elle allait lui dire, elle ne savait pas encore comment elle allait s’y prendre. Impossible de laisser leur relation en plan de la sorte. Peu importe. Elle allait s’y rendre et improviser. Voir ce que la jeune blonde allait faire et s’ajuster. Tenter e rester calme, elle était surement la seule la faire sortir de ses gonds, ce qui était quand même assez rare.

Ses pas arpentaient les couloirs. Elle portait une simple chemise blanche et un jeans. Ses cheveux étaient noués, elle ne portait pas de maquillage autre que du mascara. Elle n’était pas ici pour faire une parade de mode, mais pour s’occuper de patients. La jeune femme arrivait aux logements et elle se dirigeait vers celui de la blonde. Une respiration et elle entrait dans la chambre de la jeune femme. Elle amenait des médicaments pour le principe de le faire parce qu’elle ne la forçait jamais à les prendre. Elle était là. Silencieuse. Son corps encore blessé comme elle avait pu le voir la veille. Ses yeux se posaient sur elle, observant les blessures qui s’y trouvaient. Elle n’aimait pas voir la jeune femme de la sorte. Elle n’aimait pas cette tension. Elle n’aimait pas ces infidélités. Elle n’aimait pas se trouver en position d’autorité en rapport à elle. Elle n’aimait pas avoir à avoir à la dénoncer. Elle était encore silencieuse parce qu’elle ne savait pas réellement les mots. Depuis quelque temps, Eleanor devait faire attention à ce qu’elle faisait. Pas question qu’elle perde son travail. La blonde s’approchait pour venir poser les médicaments sur le bureau. Elle y prenait appui. Laissant son regard se poser sur la jeune femme. Elle avait envie de la prendre dans ses bras. Elle avait envie de la rassurer, mais pour le moment, elle se contentait de l’observer un peu. Ses blessures. Sa voix se faisait entendre, douce, calme. Elle ne voulait pas les cris. Elle ne voulait pas attirer l’attention parce qu’elle ne voulait pas que personne ne vienne les déranger. « -Tes blessures, est-ce que ça va mieux?» Surement. La jeune femme avait pansé quelques-unes de ses blessures. Elle bougeait pour faire quelques pas vers elle. « -Zippora…» L’envie de la prendre dans ses bras était forte. Elle s’en voulait, comme elle lui en voulait encore un peu. Elle ne pouvait s’empêcher d’être blessée et de perdre un peu de confiance en elle. « -Je ne voulais pas que ça se passe comme ça. Tu le sais très bien. Tu crois que j’avais envie de t’envoyer là. Je commence à devoir faire attention. Si je perds mon emploi, on ne pourra plus se voir.»

Elle se sentait mal dans cette situation, dans ce qui était découlé de cette histoire d’infidélité avec Zippora. Entre temps, elle avait dû s’occuper d’un patient instant qui avait voulu en savoir au sujet de leur relation et ça c’était un peu mal terminé. Elle ne savait pas trop ce qu’elle devait faire ou comment le faire, mais elle savait que cette histoire était simplement en train de la rendre folle. L’intervenante s’en voulait et elle lui en voulait par la même occasion. Elle ne savait pas ce qu’elle voulait/devait faire. Comment elle devait parler des choses avec elle. La blonde savait très bien que la jeune femme allait lui en vouloir et qu’elle ne lui laisserait sûrement pas les choses faciles. Pourtant, tout n’était pas de la faute d’Eleanor. Elle n’en pouvait plus, parfois, de devoir jongler dans tous ses secrets qu’elle avait sur sa vie. Sa maladie et sa relation. Elle devait mentir tous les jours, à tout le monde et même à celle qu’elle aimait. Elle ne voulait pas parler du fait qu’elle pourrait peut-être mourir et elle ne voulait pas parler des traitements qu’elle devait suivre et qu’elle manquait de temps en temps. En même temps, elle savait parfaitement qu’elle devait lui en parler. Elle était la première concernée, en quelque sorte. Eleanor se rendait à sa chambre question de parler avec elle, de régler cette situation et de.. Elle ne savait pas ce qu’elle allait lui dire, elle ne savait pas comment elle voulait lui dire, mais elle ne pouvait pas rester à attendre que la situation passe. C’était impossible.

La porte se déverrouillait et elle entrait dans la chambre de la jeune femme pour la trouver sur son lit. Il n’y avait pas grand-chose à faire dans une si petite pièce. Elle avait tellement envie qu’elles puissent toutes les deux sortir d’ici et vivre une vie normale, mais ce n’était pas le cas et ce n’était pas aussi facile que cela. L’infirmière aurait voulu la prendre dans ses bras et de rassurer celle qu’elle aimait du mieux qu’elle le pouvait, mais elle était hésitante. Elle posait les médicaments sur la petite table pour faire quelques pas vers elle. Elle ne la forçait pas à prendre les médicaments, même qu’elle ne les amenait que pour faire semblant. Jamais il n’était question que Zippora ne les prenne. Son regard se posait sur elle, les larmes montait dans les yeux de la jeune femme venaient lui serrer le cœur et elle ne pouvait se sentir bien. La jeune femme s’en voulait de lui faire autant de mal, elle s’en voulait de la faire se sentir ainsi. Elle finit par se poser sur le bord du lit pour s’approcher d’elle, écoutant le silence et les sanglots qu’elle semblait vouloir lui offrir. Leurs regards se croisaient de temps en temps, pour qu’elle ne le détourne. Les quelques mots qui sortaient de la bouche de la jeune femme venaient lui briser le cœur en deux ou même beaucoup plus. Elle restait immobile un moment, laissant son regard se poser sur son visage. Comment pouvait-elle lui dire autant de choses. Beaucoup de réponses lui venaient en tête, comme : C’est pour ça que tu couches avec d’autres? Parce que tu me détestes? C’est mots restaient pourtant au stade de la pensée, ne franchissant pas le seuil de ses lèvres. Ce n’est pas ce qu’elle avait envie de lui dire.

Sa main finit par bouger, glissant doucement ses doigts sur la joue de la jeune femme. Venant y cueillir le liquide salé pour dégager son visage. Elle ne la détestait pas pour ce qu’elle lui avait fait, mais elle avait mal, surement de la même façon qu’elle, même si le mal était bien différent. La paume de sa main passait sur sa joue pour essuyer les larmes qui coulaient sur sa peau et elle venait simplement l’entourer de ses bras, prenant son corps frêle contre le sien alors qu’elle ne cessait de pleurer. Ses yeux se fermaient, alors que même si elle aurait voulu se détacher d’elle, elle retenait la blonde pour ne pas qu’elle le fasse. Silencieuse, elle venait passer son visage dans le cou de la jeune femme, fermant ses yeux pour mieux la sentir. Murmure. Sa voix se faisait entendre, se résignant à ne pas agir comme la fois d’avant, se résignant à lui pardonner ses infidélités qui ne lui plaisaient pas, elle parlait. « -Moi je t’aime.» Le genre de mot qu’elle ne disait pas souvent. Certes, elle était une sentimentale, mais elle avait toujours eu du mal à prononcer ces mots, de peur de perdre cette fameuse personne qu’elle aimait. Elle restait calme, tentant simplement de l’apaiser, de ne pas réagir à ce qu’elle venait de prononcer même si elle ne pouvait s’empêcher d’en être blessée. Elle ne voulait pas qu’elle la déteste, elle ne voulait pas qu’elle pleure, elle ne voulait pas lui faire du mal comme elle ne devait surement pas vouloir lui en faire. Enfin, c’est ce qu’elle pensait. Ses doigts glissaient lentement dans son dos, lui procurant une caresse lente, gardant le corps de la jeune femme contre le sien, laissant son souffle se perdre dans la peau de son cou alors qu’elle en respirait simplement l’odeur. Sa main glissait de haut en bas contre le tissu de son chandail. Sa voix était un peu brisée. Ne voulant simplement pas entendre les mots sortir de sa bouche, ne voulant simplement pas être détesté par elle.